quinta-feira, maio 12, 2016

Quinta, 12.
On se determine au long de sa vie. Se connaître parfaitement, c´est mourir.

Chaque fois que j´entends un discours politique ou que je lis ceux que nous dirigent, je suis effrayé depuis des années de n´entendre rien qui rende un son humain. Ce sont toujours les mêmes mots qui disent les mêmes mensonges. Et que les hommes s´en accommodent, que la colère du peuple n´ait pas encore brisé les fantoches, j´y vois la preuve que les hommes n´accordent aucune importance à leur gouvernement et qu´ils jouent, vraiment oui, qu´ils jouent avec toute une partie de leur vie et de leurs intérêts soi-disant vitaux.

Tous les hommes de ma race – qui savent qu´un point extreme de pauvreté rejoint toujours le luxe et la richesse du monde.

Ce n´est pas gai de voyager, ni facile. Et il faut avoir le goût du difficile et l´amour de l´inconnu pour réaliser ses rêves de voyage lorsqu´on est pauvre et sans argent.

Pour être heureux, il faut du temps, beaucoup de temps. Le bonheur lui aussi est une longue patience. Et le temps, c´est le besoin d´argent qui nous le vole. Le temps s´achète. Tout s´achète. Être riche, c´est avoir du temps pour être heureux quand on est digne de l´être.

La politique et le sort des hommes sont formés par des hommes sans ideal et sans grandeur. Ceux qui ont une grandeur en eux ne font pas de politique.

On meurt seul. Tous vont mourir seuls. Que du moins l´homme seul garde ici le pouvoir de son mépris et de choisir dans l´affreuse épreuve ce qui sert à sa propre grandeur.


Excertos de Carnets I de Albert Camus. A meditar.